Précurseurs de la maladie de Parkinson

L’intérêt de la recherche pour les marqueurs précliniques de la maladie de Parkinson est soutenu par le désir d’identifier un ou plusieurs biomarqueurs pouvant servir à poser un diagnostic plus précoce de la maladie de Parkinson et offrir de nouveaux traitements pour retarder ou même prévenir la progression de la maladie.

 

La dépression : un symptôme précoce de la maladie de Parkinson

« J’ai commencé à connaître des périodes de dépression des années avant d’être atteinte de la maladie de Parkinson. J’ai cherché de l’aide et j’ai été hospitalisée en 1995. J’ai aussi reçu des électrochocs. Ce n’est qu’en décembre 1998 qu’on a diagnostiqué la maladie de Parkinson. J’ai alors commencé à prendre des médicaments contre la maladie de Parkinson. J’ai noté quelques améliorations à mon humeur, et je n’ai pas souffert de dépression depuis. »  ~Peggy Sturge, Terre-Neuve

De nombreuses personnes souffrent de dépression une fois atteintes de la maladie de Parkinson. Cependant, ce qui est moins connu, c’est que chez certaines personnes, la dépression est l’un des premiers symptômes de la maladie de Parkinson à apparaître avant même les symptômes moteurs.

« La dépression peut faire partie de la maladie elle-même et non seulement être une réaction au fait d’être atteint d’une maladie neurologique », déclare la Dre Susan Fox, professeure adjointe de neurologie à l’Université de Toronto et neurologue à la Clinique des troubles du mouvement du Toronto Western Hospital. « Nous avons maintenant beaucoup de preuves qui montrent un lien biologique entre les troubles de l’humeur et la maladie de Parkinson. »

La Dre Fox explique que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson perdent de la norépinéphrine et de la sérotonine. Comme la dopamine, ces neurotransmetteurs sont associés de façon générale à l’humeur.

Elle ajoute : « De nombreux patients qui commencent à perdre leur dopamine n’éprouveront peut-être pas immédiatement de tremblements, de lenteur ou de difficulté à marcher, mais il se peut qu’ils soient anxieux et dépressifs. Certains ressentent une sensation d’anxiété intérieure, ils sentent des tremblements à l’intérieur d’eux-mêmes. Quand ils commencent à prendre des médicaments, les symptômes disparaissent. Ils disent qu’ils se sentent détendus et plus calmes à l’intérieur. »

La Dre Fox mentionne que la dépression se traite, quelle qu’en soit la cause, et les personnes qui souffrent de dépression devraient consulter leur médecin de famille.

 

Les anciens antidépresseurs sont-ils plus efficaces pour traiter la dépression chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson?

Une étude publiée dans l’édition en ligne du 10 mars 2009 de Neurology révèle que la nortriptyline, un antidépresseur tricyclique, serait plus efficace que la paroxétine, un inhibiteur sélectif du recaptage de la sérotonine (ISRS), pour le traitement de la dépression chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

« Les antidépresseurs tricycliques sont des médicaments plus anciens qui ont perdu leur popularité en grande partie à cause des effets secondaires, comme la somnolence, et qui tendent à être remplacés par les ISRS », déclare la Dre Susan Fox, professeure adjointe de neurologie à l’Université de Toronto et neurologue à la Clinique des troubles du mouvement du Toronto Western Hospital.

Cette étude suggère cependant que les médicaments tricycliques pourraient être plus efficaces pour combattre la dépression chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Les tricycliques ont un effet sur la norépinéphrine et sur la sérotonine alors que les ISRS visent seulement les récepteurs sérotoninergiques du cerveau.

Mené auprès de 52 patients seulement, cet essai contrôlé sur la dépression chez les personnes souffrant de la maladie de Parkinson est le plus important à avoir été effectué à ce jour.

Comme la dépression touche jusqu’à la moitié des personnes atteintes de la maladie de Parkinson et qu’elle nuit à leur qualité de vie, il faut continuer les recherches, et surtout effectuer des essais cliniques plus importants.

L’étude était menée par le Dr Matthew Menza, professeur de psychiatrie et de neurologie à la Robert Wood Johnson Medical School, à Piscataway au New Jersey.

 

Les troubles du sommeil paradoxal : un facteur de risque pour la maladie de Parkinson

Une étude récente du Dr Ron Postuma, de l’Université McGill, à Montréal, a révélé que les personnes souffrant de troubles du comportement en sommeil paradoxal risquent un jour d’être atteintes de la maladie de Parkinson ou de démence.

Les troubles du comportement en sommeil paradoxal poussent les gens à extérioriser leurs rêves de façon violente : ils peuvent donner des coups de poing et des coups de pied, pousser des cris ou se jeter hors du lit. Ils peuvent même se blesser ou blesser leur partenaire de lit.

Au laboratoire des troubles du sommeil de l’Hôpital Sacré-Coeur de Montréal, le Dr Postuma a étudié 93 patients souffrant de troubles du comportement en sommeil paradoxal et les a suivis durant cinq, dix et douze ans pour détecter les signes de maladie neurodégénérative.

Les participants avaient une moyenne d’âge de 65 ans, et 80 % d’entre eux étaient des hommes.

Après douze ans, 26 des 93 patients avaient développé une maladie neurodégénérative :
• quatorze avaient développé la maladie de Parkinson
• l’un d’entre eux avait une atrophie multisystématisée (une affection liée à la maladie de Parkinson)
• onze étaient atteints de démence

Utilisant une analyse des tables de survie pour définir les risques de maladie au-delà de cinq, dix et douze ans, l’étude est parvenue aux estimations suivantes :
• 17 % de risque de développer une maladie neurodégénérative après cinq ans
• 40 % de risque après dix ans
• 52 % de risque après douze ans

L’étude, publiée en ligne dans la revue Neurology en décembre 2008, est la plus vaste étude à tenter de quantifier les risques pour les personnes souffrant de troubles de comportement en sommeil paradoxal de développer une maladie neurodégénérative.

À la recherche d’un test d’odorat pour la maladie de Parkinson

« J’ai remarqué que je perdais l’odorat au cours des années 1990 alors que je travaillais comme inspecteur des aliments. L’odorat est un outil important pour détecter la fraîcheur des aliments, alors j’en ai parlé à mon superviseur. J’ai consulté mon médecin, mais il n’a pas pu trouver l’origine du problème. Il m’a aiguillé vers un neurologue qui m’a prescrit une imagerie par résonance magnétique, mais je suis resté sans réponse. À cette époque, je ne tremblais pas et je n’avais aucun signe de la maladie de Parkinson. Ce n’est qu’à l’automne 2004, que j’ai reçu le diagnostic de la maladie de Parkinson. »  ~Arnold Forsyth, Nouvelle-Écosse

Le Dr Harry Robertson, professeur au Brain Repair Centre et au Département de pharmacologie de l’Université Dalhousie, à Halifax, cherche à trouver un outil de diagnostic pouvant tirer parti du fait qu’une majorité de personnes atteintes de la maladie de Parkinson perdent l’odorat.

« Un consensus général se dégage à l’effet que les changements dans l’odorat se produisent cinq ans avant le diagnostic de la maladie de Parkinson, souligne le Dr Robertson. Si nous pouvions stopper le processus, c’est-à-dire bloquer la perte de neurones, nous pourrions éviter le développement des symptômes graves de la maladie. C’est ce à quoi j’aspire : freiner la maladie de Parkinson avant qu’elle devienne invalidante. Je suis persuadé que le test de l’odorat fera partie de la solution. »

Durant la première phase de sa recherche, le Dr Robertson tentera de déterminer les pertes d’odorat chez quelque 20 personnes dont l’âge varie de 45 à 65 ans et qui ont récemment reçu un diagnostic de la maladie de Parkinson.

Grâce à l’imagerie par tenseur de diffusion (ITD), un genre spécial d’imagerie par résonance magnétique (IRM), il mesurera les changements dans deux régions du cerveau, les voies olfactives – qui permettent le passage de l’odorat – et le locus niger – où les neurones dégénèrent en maladie de Parkinson.

Durant la deuxième et plus importante phase de l’étude, le Dr Robertson testera la fonction olfactive chez quelque 500 personnes qui ne sont pas atteintes de la maladie de Parkinson. Les participants recevront un livret composé de pages que l’on gratte et que l’on sent qu’ils devront parcourir en tentant d’identifier les odeurs. Les personnes qui obtiendront les moins bons résultats – indiquant les sens de l’odorat les plus faibles – passeront un test d’imagerie encéphalique.

 

On recherche des participants dans la région des Maritimes

Vous pouvez participer à la phase I de la recherche du Dr Robertson si vous répondez aux critères suivants :
• vous êtes atteint depuis peu de la maladie de Parkinson
• vous avez entre 45 et 65 ans
• mis à part la maladie de Parkinson, vous êtes en bonne santé

L’étude a lieu à Capital Health et au IWK Health Centre à Halifax.

Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec le Dr Harry Robertson par téléphone, au 902-494-2563, ou par courriel, à har1@dal.ca.