Transplantation pour la maladie de Parkinson – Ne l’excluez pas tout de suite!

Dr Harold Robertson
Dr Harold Robertson

par Dr Harold Robertson

La transplantation pour le traitement de la maladie de Parkinson ne fait plus autant parler d’elle qu’à une certaine époque, mais il ne faut pas l’exclure! Ces 10 dernières années, de plus en plus d’indices ont permis de conclure que le diagnostic et le traitement précoces de la maladie de Parkinson joueront un rôle important à l’avenir. L’un des secteurs où le diagnostic précoce sera certainement déterminant est celui de la transplantation neuronale.

Le numéro de cette semaine de Nature (5 mars 2015) attire l’attention sur un article du laboratoire d’Ole Isacson à Harvard. L’article a été publié dans l’influent journal Cell Stem Cell et est intitulé : « Successful Function of Autologous iPSC (induced pluripotential stem cell)-Derived Dopamine Neurons following Transplantation in a Non-Human Primate Model of Parkinson’s Disease » (1). Cela représente une étape importante vers un traitement éventuel ou même un remède pour la maladie de Parkinson. Dans les Maritimes, nous avons peu entendu parler de la transplantation de neurones dopaminergiques depuis le départ du Dr Ivar Mendez; il est donc pertinent d’examiner la situation actuelle.

La transplantation neuronale pour la maladie de Parkinson a commencé au milieu des années 1980, s’est développée de 1990 à 2002 et a chuté en 2002-2003 à la suite de la publication des rapports de deux essais aléatoires, à double insu, comparative avec placebo des National Institutes of Health (NIH) qui montraient peu d’avantages et indiquaient l’émergence d’importants mouvements anormaux (dyskinésies) induits par la greffe chez 50 % des patients. Il est intéressant de noter qu’au cours des années 2003 à 2008, les transplantations pratiquées dans des centres ne participant pas aux essais des NIH ont entraîné d’importantes améliorations pour des symptômes de la maladie de Parkinson avec peu de dyskinésies. S’en est suivi un appel à poursuivre la transplantation neuronale (2) et au projet Transeuro de 12 millions d’euros en cours au Royaume-Uni et en Suède (http://www.transeuro.org.uk/). Il s’est avéré que les deux essais des NIH comportaient de graves lacunes, mais quand cela a finalement été compris, la recherche sur la maladie de Parkinson s’intéressait au facteur neurotrophique dérivé des lignées des cellules gliales (qui, soit dit en passant, a également échoué) et à d’autres traitements.

Mais revenons à l’article de Hallet (1). L’un des rêves que nous caressions dans les premiers temps de la transplantation neuronale était de parvenir à stimuler la production de neurones dopaminergiques chez les patients ou de trouver des moyens de prendre les propres cellules du patient, de les transformer en neurones dopaminergiques et de les réimplanter. Étant donné qu’il s’agit des propres cellules du patient, l’immunosuppression n’est pas nécessaire. L’avènement des technologies des cellules souches pluripotentes induites (CSPI) signifiait également que nous n’allions plus être freinés par l’approvisionnement en tissus. L’article Cell Stem Cell par Hallett et coll. (1) portait sur l’étude de signes ayant été traités au MPTP pour provoquer la maladie de Parkinson. Les chercheurs ont prélevé des fibroblastes cutanés sur des singes et les ont traités avec les facteurs nécessaires à la conversion de cellules en neurones dopaminergiques. Les cellules ont ensuite été retransplantées chez les singes chez qui elles avaient été prélevées. Les cellules ont survécu sans immunosuppression, le putamen innervé de nouveau et la fonction motrice améliorée.

Qu’est-ce que tout cela signifie? Il n’existe actuellement aucun traitement symptomatique pour la maladie de Parkinson; il y a donc un besoin médical immense pour un traitement qui puisse stopper la progression de la maladie. Les traitements fondés sur les CSPI seront offerts dans quelques années; je prédis que les essais cliniques commenceront vers la fin de 2015 ou au début de 2016. Quand et où auront-ils lieu? Ça reste à voir. Le projet de transplantation neuronale Dalhousie-Régie régionale de la santé Capital qui s’est étendu de 1985 à 2013 a eu une grande influence sur le reste du Canada, et les résultats obtenus étaient parmi les meilleurs à l’échelle mondiale (voir figure 1 dans le document de référence 2). Ces efforts ont été pour la plupart réinvestis en Saskatchewan.

(1) HALLET, P.J., M. Deleidi, A. Astradsson, G. A. Smith, O. Cooper, T. M. Osborn, M. Sundberg, M. A. Moore, E. Perez-Torres, A. L. Brownell, et coll. « Successful Function of Autologous iPSC-Derived Dopamine Neurons following Transplantation in a Non-Human Primate Model of Parkinson’s Disease », Cell Stem Cell, 2015.

(2) BARKER, R. A., J. Barrett, S. L. Mason et A. Bjorklund. « Fetal dopaminergic transplantation trials and the future of neural grafting in Parkinson’s disease », The Lancet Neurology,12 (2013), p. 84-91.

Ce billet de blogue (9 mars 2015) a été écrit pour le site Web du Predict Parkinson’s Project par le Dr Harold Robertson et est reproduit avec sa permission. Le Dr Robertson est professeur au département de pharmacologie de l’École de médecine de l’Université Dalhousie. Il a été membre du Comité consultatif scientifique du Programme national de recherche de la Société Parkinson Canada.

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