Par Isabelle Boileau, Ph. D.
J’ai choisi les neurosciences parce que je voulais comprendre comment de minuscules changements dans la chimie du cerveau peuvent entraîner des changements importants du comportement et de diverses fonctions et provoquer des maladies.
Motivée par le désir d’en savoir plus sur la neurochimie du comportement humain, la première décision consciente de ma carrière scientifique a été de travailler dans le secteur de l’imagerie moléculaire en utilisant la tomographie par émission de positons. Je suis attirée par ce secteur parce qu’il nous permet d’étudier, pendant que les personnes sont éveillées, comment le cerveau s’adapte au traitement et à la maladie, d’un point de vue moléculaire. Il s’agit de la première d’une série d’étapes qui permettront de faire des choix thérapeutiques éclairés. Grâce à sa capacité à cartographier les processus neurochimiques normaux et pathologiques du cerveau d’un être vivant, la tomographie par émission de positons a le potentiel d’accélérer le passage des travaux expérimentaux à des applications cliniques utiles pour les personnes atteintes.
Je suis particulièrement intéressée à découvrir pourquoi les symptômes de la maladie de Parkinson réapparaissent chez des personnes ayant connu des améliorations spectaculaires après la prise de lévodopa. Dans le cadre de mes travaux de recherche, je tente de comprendre quels sont les types d’adaptation dans le système dopaminergique du cerveau, le cas échéant, qui pourraient expliquer l’apparition d’effets secondaires au traitement de substitution de la dopamine.
Pour le moment, nous ne connaissons pas les mécanismes responsables de la sensibilité accrue aux effets des médicaments antiparkinsoniens. L’équipe de mon laboratoire tente de comprendre quels changements survenant dans le cerveau expliquent l’apparition d’effets secondaires au traitement à long terme avec ces médicaments. Nous croyons que l’apparition d’effets secondaires invalidants pourrait être due à un changement du nombre de récepteurs dopaminergiques D3 dans le cerveau. (Les médicaments actuels ciblent ces récepteurs dopaminergiques D3.) Nous utilisons la tomographie par émission de positons pour tenter de découvrir le nombre de récepteurs dopaminergiques D3 dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie de Parkinson qui développent des effets secondaires au traitement de substitution de la dopamine.
À ce jour, nous avons réussi à démontrer qu’à la différence du récepteur dopaminergique D2, le niveau de récepteurs D3 dans le cerveau diminue chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson n’ayant jamais été traitées, mais semble s’accroître à la suite d’un traitement aux antiparkinsoniens. Grâce à un financement de la Société Parkinson Canada, nous tentons maintenant de découvrir si un échantillon plus grand permettra de constater la même augmentation et si cette dernière est liée aux complications du traitement, notamment aux dyskinésies (mouvements incontrôlables).
L’aspect le plus gratifiant de la recherche sur la maladie de Parkinson est la possibilité de discuter de contenu scientifique avec les patients. Ils ont toujours une longueur d’avance sur moi. Leur intérêt à l’égard de mes travaux constitue le meilleur moyen d’en mesurer la valeur.
Aux jeunes étudiants qui envisagent une carrière scientifique, je leur dis d’aller de l’avant. Il s’agit d’un moment excitant pour commencer une carrière scientifique. Outre les découvertes technologiques stimulantes et l’accélération de la production de données dans tous les secteurs médicaux, les nouveaux modes de communication propulsent le travail scientifique vers la sphère publique. Maintenant plus que jamais, la science et les questions scientifiques façonnent notre culture.
Isabelle Boileau est chercheuse clinicienne au Centre de toxicomanie et de santé mentale du Département de psychiatrie de l’Université de Toronto. Elle a obtenu une bourse de nouveau chercheur de la Société Parkinson Canada.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur ses travaux de recherche ou participer à un essai clinique, consultez le site Web www.parkinson.ca.