Le 3e Congrès mondial sur la maladie de Parkinson (WPC), à Montréal, a été un lieu extraordinaire qui a permis aux scientifiques, aux professionnels de la santé et au public qui s’intéresse à la maladie de Parkinson d’échanger des idées, de s’informer sur les progrès récents et de présenter les dernières découvertes avec des collègues du monde entier. Comme il était impossible de tout voir à cause de la gamme complète de séances simultanées, nous avons porté une attention particulière à quelques-uns des sujets les plus intéressants et des éminents conférenciers du WPC 2013. Inutile de préciser qu’il y en avait pour tous les goûts!Virginia Lee, professeure à l’University of Pennsylvania School of Medicine, a joué un rôle de chef de file et a été très active dans de nombreuses tables rondes, séances plénières et séances d’information à l’intention des médias. Ses recherches sur l’alpha-synucléine et son rôle dans la maladie de Parkinson risquent de permettre de mieux comprendre comment la maladie s’attaque à diverses régions du cerveau avec le temps.
« Au cours des années 1980 et 1990, des scientifiques ont inséré des cellules souches embryonnaires dans le cerveau de personnes atteintes de la maladie de Parkinson pour remplacer les voies dopaminergiques altérées. À la mort des patients, leur cerveau a été étudié. Les chercheurs ont trouvé de nouvelles cellules créées à partir des cellules souches embryonnaires qui avaient accumulé des corps de Lewy contenant de l’alpha-synucléine », décrit Pre Lee.
L’alpha-synucléine est une protéine que l’on trouve principalement dans le tissu nerveux où elle joue un rôle de communication entre les cellules nerveuses. Les corps de Lewy sont des agrégats anormaux de la protéine alpha-synucléine qui se développent à l’intérieur des cellules nerveuses des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
« Lors d’expériences, nous avons inséré des agrégats anormaux d’alpha-synucléine dans des souris normales. Nous avons pu démontrer que les souris développent les anomalies de l’alpha-synucléine, qui sont transmises à d’autres cellules, dont les cellules dopaminergiques. Ces souris ont développé des corps de Lewy. Avec cette expérience, nous avons créé un modèle extraordinaire de maladie de Parkinson non héréditaire qui fait un lien entre la pathologie de l’alpha-synucléine et la perte de cellules dopaminergiques. En outre, nous avons montré que la progression de la maladie peut être due à la transmission de la pathologie de l’alpha-synucléine de cellule à cellule », ajoute Pre Lee, qui a participé aux trois événements de la WPC.
Pre Lee croit que cela pourrait mener à des traitements et même à un outil de diagnostic précoce de la maladie de Parkinson. Elle a confiance qu’il soit un jour possible de bloquer la pathologie qui transmet l’alpha-synucléine mal repliée d’une cellule à une autre à l’aide d’anticorps ou d’autres inhibiteurs de transfert, bien qu’aucune recherche n’ait encore été réalisée dans cette direction.
« On trouve l’alpha-synucléine dans les neurones du système nerveux central. On en trouve également dans les neurones du tube digestif et des globules rouges. Les médecins peuvent mesurer les taux d’alpha-synucléine dans le liquide céphalo-rachidien pour tenter de voir s’il y a des changements. Je crois que toute diminution du taux d’alpha-synucléine est mauvaise. Il est encore tôt, mais nous tentons de normaliser l’utilisation de l’alpha-synucléine comme biomarqueur », s’enthousiasme Pre Lee.
Pre Lee croit également que cela positionne la maladie de Parkinson et la recherche qui y est associée à l’avant-scène dans le milieu des sciences neurologiques, et elle espère que cela conduira des équipes à effectuer d’autres tests et essais cliniques qui permettront de faire progresser nos connaissances à l’égard de l’alpha-synucléine.
« Ces résultats positionnent la maladie de Parkinson devant d’autres maladies neurodégénératives. Les corps de Lewy forment une structure anormale qui s’accumule comme un tas de déchets dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Nous voulons recréer ce modèle chez des souris pour effectuer des expériences et mieux comprendre comment les corps de Lewy se propagent avec le temps et entraînent le dysfonctionnement et la mort des neurones. Ces renseignements nous permettront de mettre au point des thérapies capables de stopper la propagation et d’empêcher les neurones de mourir », résume Pre Lee.
Avec le temps, les travaux de Pre Lee complèteront d’autres études et donneront aux scientifiques un portrait complet de l’évolution de la maladie de Parkinson de A à Z. Heidi McBride est une autre chercheuse déterminée à résoudre l’énigme de la maladie de Parkinson par l’étude des mitochondries.
Dans le milieu scientifique, les mitochondries sont connues somme étant des « centrales cellulaires » parce qu’elles génèrent la majeure partie de l’approvisionnement des cellules en adénosine triphosphate (ATP), utilisé comme source d’énergie chimique. Les mitochondries contribuent également au signalement, à la différenciation cellulaire, à la mort cellulaire, au contrôle du cycle cellulaire et à la croissance des cellules. Grâce à l’un des plus importants développements de la recherche sur la maladie de Parkinson, nous savons que les mitochondries deviennent dysfonctionnelles dans les premiers stades de la maladie.
Un moteur en bon état
« Imaginez un moteur à combustion. Les mitochondries utilisent l’oxygène que nous respirons ainsi que du carburant (sucre et graisses); malheureusement, un moteur défectueux à cause de la maladie de Parkinson produit de la ‘fumée’. Nous devons trouver comment les mitochondries se nettoient et se débarrassent des mauvaises protéines et des mauvais lipides », explique Heidi McBride, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en biologie cellulaire et mitochondries et chercheuse au Neuro de l’Université McGill à Montréal.
La prochaine étape pour Mme McBride, qui a récemment choisi McGill pour se rapprocher de cliniciens et de personnes atteintes de la maladie de Parkinson, consiste à traduire les résultats en données cliniques avec l’aide de son équipe de recherche. À ce jour, Heidi McBride et Dr Edward Fon, directeur du Programme sur la maladie de Parkinson de McGill, ont vu des mitochondries normales éjecter des quantités de matière endommagée, une fonction qu’entrave la maladie de Parkinson.
« Nous espérons trouver une façon d’accélérer l’enlèvement de mitochondries endommagées des cellules afin que celles-ci puissent demeurer saines. Même les toxines se lient et bloquent la respiration mitochondriale, ce qui entraîne d’autres dommages. Nous devons trouver une façon d’éviter ces dommages. Nous tentons toujours de comprendre comment les mitochondries s’y prennent pour se nettoyer et écarter les parties endommagées », ajoute Heidi McBride.
Mme McBride a bon espoir d’obtenir des réponses qui permettront de trouver des traitements pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
« Nos recherches ne permettront pas de soulager les symptômes à ce point-ci, mais si nous parvenons à mettre au point un médicament capable de stopper les dommages aux mitochondries, nous permettrions à ces cellules de vivre plus longtemps », dit-elle.
Thérapies moléculaires visant les bonnes voies chez les bons sujets
Matthew Farrer, professeur au Département de génétique médicale et directeur du Centre de recherche de neurogénétique appliquée du Centre de recherche sur le cerveau de l’Université de Colombie-Britannique, et lauréat de la bourse de conférence Donald Calne 2012, travaille à des découvertes similaires avec ses travaux sur la génétique, la neuroscience, la neurologie et leur intégration à la maladie de Parkinson.
« Nous sommes à la recherche de gènes, de mutations, de voies, de mécanismes et d’indices sur la façon de résoudre le problème de la maladie de Parkinson », explique Dr Farrer.
Comme ses collègues, Dr Farrer cherche des façons de traiter et même de guérir la maladie de Parkinson au niveau moléculaire. « Nous croyons que nos travaux mèneront à des médicaments capables de ralentir ou même stopper la progression de la maladie, plus particulièrement avec des thérapies moléculaires visant les bonnes voies chez les bons sujets », ajoute-t-il.
Pre Virginia Lee, Heidi McBride, Dr Matt Farrer et d’autres chefs de file des neurosciences contribuent à créer une cartographie complète de la biologie de la maladie de Parkinson. Un grand plan et une action mondiale.
« Nous devons persévérer. D’ici 2020, nous espérons avoir cartographié la presque totalité de toutes les variables contribuant à la maladie de Parkinson. Ce plan nous permet de faire des modèles et nous commençons à comprendre la biologie », conclut Dr Farrer.
De plus amples renseignements sur les travaux des trois chercheurs du présent article sont accessibles en ligne (contenu en anglais seulement), à :
Pour obtenir de plus amples renseignements sur le Programme national de recherche de la Société Parkinson Canada, consultez le site www.parkinson.ca.