Les cellules du cerveau ne laissent aucune protéine traverser leurs membranes, à la malheureuse exception d’une forme toxique de protéine appelée alpha‑synucléine, qui est au cœur de la maladie de Parkinson.
Les chercheurs savent que les formes difformes ou mutées de l’alpha‑synucléine forment des agrégats qui finissent par tuer les cellules du cerveau qui produisent la dopamine. La dopamine est la substance chimique qui communique avec les autres cellules du cerveau pour contrôler les mouvements. Lorsque les cellules productrices de dopamine meurent, la maladie de Parkinson apparaît.
Les chercheurs ne savent pas encore comment les formes toxiques de l’alpha‑synucléine pénètrent dans les cellules du cerveau qui produisent la dopamine et comment elles se propagent.
À l’Université McGill, Armin Bayati, doctorant, examine le déroulement à la seconde près de ce processus et la façon dont ce visiteur indésirable se propage à d’autres cellules. La recherche de Bayati est rendue possible grâce à une Bourse d’études supérieures du Programme national de recherche de Parkinson Canada pour 20 000 $ sur deux ans.
« Ce que je veux savoir, c’est où elle (l’alpha‑synucléine) va lorsqu’elle entre dans la cellule et quelles structures ou quels récepteurs de la cellule elle utilise pour y entrer », explique M. Bayati.
Il ajoute de l’alpha‑synucléine fluorescente à des cultures contenant des lignées cellulaires. Il utilise ensuite de l’équipement d’imagerie pour suivre le parcours de l’alpha‑synucléine et repérer d’autres protéines ou un groupe de protéines qui l’aident à cheminer.
Il a déjà découvert qu’en moins de deux minutes, l’alpha‑synucléine pénètre directement dans les compartiments des cellules appelées lysosomes qui décomposent les protéines et les sucres.
« Nous avons observé cette entrée à un rythme très rapide qui n’est pas normal pour toute autre protéine », ajoute M. Bayati.
S’il peut trouver d’autres protéines ou groupes de protéines qui aident l’alpha‑synucléine toxique à pénétrer dans les cellules du cerveau si rapidement, il disposera d’excellentes cibles de pharmacothérapie pour arrêter la progression de la maladie de Parkinson ou même la prévenir.
« Une fois que nous aurons trouvé une protéine ou un groupe de protéines qui laisse entrer l’alpha‑synucléine, nous n’aurons presque aucune limite. Nous pourrons l’empêcher de se propager », ajoute M. Bayati.
Il explorera également comment l’alpha‑synucléine toxique se propage d’une cellule à l’autre.
Bayati a grandi dans un environnement scientifique : sa mère est pharmacienne et ses oncles sont médecins. Il a choisi les neurosciences parce qu’il est fasciné par ce qu’il apprend en examinant les cellules par imagerie et qu’il aime la nature dynamique de son travail.
« Les expériences qu’on examine, les constatations, la collaboration, ne sont jamais les mêmes. C’est ma façon d’avoir une vie excitante », conclut-il.