Une équipe de chercheurs de Montréal, dirigée par Jacques Drouin, D. Sc., a récemment découvert le mécanisme de régulation des taux de dopamine dans le cerveau en étudiant un modèle murin qui reproduit la forme tardive de la maladie de Parkinson. Menée en collaboration avec le Dr Rory A. Fisher du département de pharmacologie du Collège de médecine Carver de l’Université de l’Iowa, cette étude a été diffusée en ligne par la revue scientifique PLoS Genetics.
Grâce à une technique de profilage de l’expression génétique qui permet de mesurer l’activité de milliers de gènes, les chercheurs ont étudié les neurones dopaminergiques dans le mésencéphale, qui sont des cellules nerveuses sécrétant de la dopamine pour la transmission de signaux aux autres cellules nerveuses. Il est connu que ces neurones connaissent une dégénérescence chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
« Ces travaux de recherche ont permis de cerner un élément de signalisation cellulaire, le Rgs6, qui a également une activité restreinte dans les neurones sensibles du mésencéphale et qui exerce une action protectrice, en particulier à un âge tardif », explique le Dr Drouin, directeur du laboratoire de génétique moléculaire de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM). « Nous avions déjà démontré que ce gène est contrôlé par une protéine, appelée PITX3, qui joue un rôle important dans la survie de ces neurones. »
« Notre étude a permis de découvrir que la défectuosité du gène Rgs6 provoque la mort de ces neurones, indique le Dr Drouin. Plus précisément, nous avons découvert que l’inactivation du gène Rgs6 enlève un frein protecteur contre la signalisation dopaminergique excessive. Par conséquent, l’accumulation excessive de dopamine libre engendre un stress cellulaire, qui se traduit par la mort des neurones. Bien que l’altération fonctionnelle du gène Rgs6 puisse prédisposer ou contribuer à la maladie de Parkinson, la stimulation de ce dernier peut constituer une nouvelle cible pour la mise au point de médicaments antiparkinsoniens. »
Les recherches du Dr Drouin ont été financées par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et la Société Parkinson Canada. Cette toute dernière découverte s’appuie sur les résultats d’un projet pilote antérieur, visant à repérer les gènes ciblés par le facteur PITX3, dont le financement a été assuré par le Programme national de recherche de la Société Parkinson Canada grâce à une subvention d’un an pour un projet pilote de 45 000 $.
Le Dr Drouin a eu un avant goût de l’importance de la recherche et de ce qu’il appelle « la beauté des protéines et de ce qu’elles font » alors qu’il était encore un étudiant du secondaire dans la ville de Québec. Il avait obtenu un travail à temps partiel dans un laboratoire de recherche à l’Université Laval.
« Cela m’a amené à lire, affirme t il. C’est à ce moment là que j’ai pris connaissance des premiers travaux de recherche qui décrivaient la structure protéique et faisaient le lien avec leur fonction. La possibilité d’expliquer la biologie à travers la structure des protéines était une idée surprenante à mes yeux. »
Le Dr Drouin a choisi de faire carrière dans la recherche moléculaire et la biologie parce qu’il aime s’aventurer dans des domaines scientifiques inconnus. En particulier, il aime découvrir de nouvelles structures dans le cerveau de même que les modes de fonctionnement des diverses voies.
À propos de Jacques Drouin, D. Sc.
Jacques Drouin est titulaire d’un doctorat en physiologie de l’Université Laval. Il est professeur de recherche et directeur de l’unité de recherche en génétique moléculaire de l’IRCM. Le Dr Drouin est professeur de recherche au département de biochimie de l’Université de Montréal. Il est également membre associé du département de médecine (division de la médecine expérimentale), professeur associé du département d’anatomie et de biologie cellulaire et membre adjoint du département de biochimie de l’Université McGill. De surcroît, il est membre élu de l’Académie des sciences de la Société royale du Canada.