
L’avantage de la recherche fondamentale, c’est qu’il arrive parfois de faire une découverte qui répond à une question cruciale dans un domaine complètement nouveau ou différent, et ce, tout à fait par hasard.
C’est ce qui est arrivé à Geoffrey Hesketh. Biologiste cellulaire, Hesketh tentait de trouver comment les protéines se déplacent autour des cellules pour en atteindre la surface dans l’ordre nécessaire pour exécuter leurs tâches. Il se concentrait sur les protéines rétromères, un groupe de protéines qui travaillent ensemble pour amener les protéines de transport du point de départ jusqu’aux endroits où elles pourront envoyer et recevoir des signaux de communication.
D’autres chercheurs s’étaient déjà rendu compte que les formes endommagées d’une protéine de ce groupe – appelée VPS35 – provoquaient la maladie de Parkinson. Les travaux de M. Hesketh ont révélé que neuf autres gènes associés à la maladie de Parkinson font également partie du complexe rétromère. Cette découverte indique que ce groupe de protéines joue un rôle crucial dans le déclenchement de la maladie de Parkinson.
Selon une théorie, toute anomalie touchant les voies du complexe rétromère réduit le nombre de protéines qui arrivent aux bons endroits à la surface des cellules cérébrales. D’où la possibilité que les communications entre les cellules soient perturbées. Les cellules qui produisent de la dopamine – la substance chimique dans le cerveau qui régule les mouvements – seraient plus à risque d’être touchées par cette perturbation.
« Ou alors il se pourrait qu’après avoir perdu leurs connexions avec les cellules voisines, ces cellules (contenant des protéines rétromères endommagées) flétrissent et meurent.
Pour mettre au point des médicaments permettant de traiter la maladie de Parkinson, il est essentiel que nous sachions exactement ce qui ne va pas au niveau cellulaire », explique M. Hesketh.
Maintenant qu’il a réorienté son projet vers la maladie de Parkinson, Geoffrey Hesketh a recours à une technique appelée spectrométrie de masse pour détecter toutes les protéines du complexe rétromère. Il veut identifier toutes les protéines avec lesquelles elles communiquent, car elles pourraient également jouer un rôle dans la maladie de Parkinson. (Les gènes produisent des protéines pour effectuer des tâches.)
M. Hesketh a entamé la seconde année de sa bourse de recherche fondamentale de 100 000 $ offerte par le Programme de recherche de Parkinson Canada pour poursuivre ces travaux à l’Institut de recherche Lunenfeld-Tanenbaum de l’Hôpital Mount Sinai.
Il est enthousiasmé par la découverte de connaissances moléculaires sur le « ciblage de la membrane » ou l’agglutination de l’alpha-synucléine (a-Syn), un gène indissociable de la maladie de Parkinson et soupçonné depuis longtemps de jouer un rôle dans la formation des corps de Lewy.
« Il serait précieux pour le milieu de la recherche sur la maladie de Parkinson de connaître le mécanisme précis de liaison à la membrane de l’a-Syn et cela pourrait mener à de nouveaux traitements », explique M. Hesketh.
Ses travaux ont également pour objectif de réaliser une « identification biologique » et une spectrométrie de masse de tous les gènes reconnus comme étant associés à la maladie de Parkinson – une cinquantaine à ce jour. Il collabore avec Dr Ted Fon et Heidi McBride, de l’Institut neurologique de Montréal, à l’Université McGill, qui ont également des liens avec Parkinson Canada (Dr Fon a été président de notre Comité consultatif scientifique). Avec eux, il tente de trouver comment divers gènes et leurs protéines influencent la qualité des mitochondries d’une cellule, qui constituent la source d’énergie de celle-ci.
Geoffrey Hesketh croit fermement que nous devons privilégier la recherche fondamentale et tirer profit de ses conséquences imprévues. « C’est la maladie de Parkinson qui m’a trouvé, et non l’inverse, raconte-t-il. J’explorais une piste par simple curiosité. Après quelques années, nous sommes tombés sur ce lien avec la maladie de Parkinson qui n’aurait probablement jamais été trouvé si ça n’avait été de cette curiosité. Cette découverte a fourni un nouveau cadre à mes travaux. »
Voilà qui montre bien que la recherche en science fondamentale approfondit nos connaissances, qu’elle peut ouvrir de nouvelles pistes d’exploration et mener à d’éventuelles applications cliniques.
« Avec mes travaux, je tente de caractériser les interactions des gènes associés à la maladie de Parkinson, afin de repérer les voies et les fonctions des cellules qui jouent un rôle essentiel dans le développement et l’évolution de la maladie de Parkinson. Cette recherche est très prometteuse pour la découverte de la cause fondamentale de la maladie de Parkinson et je crois qu’elle constitue notre meilleur atout pour trouver un remède. »
Vous pouvez visionner notre entrevue avec Geoffrey Hesketh. Vous pouvez également lire de plus amples renseignements sur les autres chercheurs financés par le Programme de recherche de Parkinson Canada dans notre site Web www.parkinson.ca.