La vie est une autoroute : Les aventures de conduite de Carol et Lulu

Carol Patterson au volant de sa voiture, Lulu
Carol Patterson au volant de sa MGTD 1953 rouge cerise, Lulu.

Pour de nombreuses personnes, conduire est synonyme de liberté personnelle, de contrôle, et d’indépendance. Conserver sa capacité à conduire est une préoccupation importante chez un grand nombre de personnes ayant récemment reçu un diagnostic de la maladie de Parkinson. Toutefois, il est important de savoir que de nombreuses personnes continuent de conduire en toute sécurité, même après leur diagnostic. Pour Carol Patterson, la conduite et les sports motorisés sont des passions dont elle profite encore, même si elle vit avec la maladie de Parkinson depuis environ 35 ans et qu’elle a survécu au cancer.

Carol a toujours aimé les défis et l’aventure. Elle a été la première femme vidéographe au Canada (après avoir travaillé quelques années comme enseignante d’anglais) et productrice de films sur les voitures et les sports motorisés. Carol et Lawrence, son mari, ont axé leur carrière en production médiatique sur ce monde excitant. Carol a acquis beaucoup de connaissances sur les voitures en cours de route. Lorsque on a vécu l’excitation de Le Mans, interviewé Paul Newman à Mosport, et filmé des courses comme Sebring et Indy, on finit par développer une passion.

Carol a eu de la difficulté à accepter son diagnostic au début, mais elle a pris le contrôle de ses symptômes de Parkinson en faisant de l’exercice et en respectant rigoureusement son horaire de prise de médicaments.

«L’une des choses les plus difficiles serait de perdre le droit de conduire. C’est assurément un aspect qui me motive à prendre mes médicaments quand il le faut, même si j’en ai une très grande quantité à prendre. Je dois absolument rester très organisée.»

Carol a décidé de « réaliser certains de mes rêves pendant que c’est encore possible » en faisant l’acquisition de Lulu, une MGTD rouge cerise, exactement comme celle qu’elle possédait dans sa vingtaine. Avec l’aide d’un excellent mécanicien, Lulu était prête à reprendre la route! Carol apprécie le niveau de concentration que la conduite d’une voiture ancienne et authentique comme Lulu exige.

«Je ne la conduis que lorsque la météo est parfaite et avec le toit baissé. Mes courtes sorties me semblent longues et glorieuses. Je me sens revivre en ayant réalisé mon rêve.» Ayant acquis une excellente maîtrise de l’embrayage classique et du volant (sans servodirection) de Lulu, Carol profite pleinement de ses excursions sur les routes de campagne de Collingwood, en Ontario.

Lorsque la boîte de production de Carol a obtenu à nouveau le contrat pour documenter le légendaire rallye routier annuel Targa à Terre-Neuve-et-Labrador, un autre rêve s’est présenté à elle. L’entreprise a produit et réalisé des émissions télévisées spéciales du rallye Targa pendant de nombreuses années. Elle connaissait bien les routes et les merveilleux Terre-Neuviens et Terre-Neuviennes.

Carol Patterson au volant de Lulu lors du rallye routier Targa Newfoundland.

«J’ai ensuite eu une idée un peu folle : pourquoi ne pas le faire avec Lulu? Lawrence pourrait certainement produire l’émission. Je pourrais conduire de façon amusante et détendue avec mon mécanicien, Lou, et ma brave amie Carolyn (la femme de Lou) comme copilote.»

Le fait que le moteur quatre cylindres de de Lulu puisse atteindre une vitesse maximale de 80 km/h n’a pas découragé Carol. Elle s’est inscrite au rallye et s’est qualifiée. La course était divisée en 12 étapes en circuit fermé de 5 à 20 kilomètres chacune, étalées sur cinq jours.

«Chaque petit village de pêche ou ville semblent loin à Terre-Neuve-et-Labrador, mais ils en valent vraiment la peine. Des bénévoles avaient bloqué les routes pour que nous puissions conduire aussi vite que nous le voulions, et dans la voie de notre choix. Le paysage était magnifique. C’était difficile de garder les yeux sur la route! Les autres conducteurs de Targa et les responsables étaient patients avec nous qui conduisions la voiture la plus lente et la plus vieille. Nous avons eu droit à beaucoup d’encouragements, même si nous avons entendu des rumeurs de paris contre nous pour savoir si nous allions terminer la première journée!»

Le plus grand défi pour Carol était de s’assurer de prendre ses médicaments à temps.

«Pour moi, il est maintenant essentiel de les prendre toutes les 2,5 heures sans faute. Si je le fais, la lévodopa contrôle merveilleusement bien mes tremblements et mon énergie. Je craignais un peu que le stress quotidien de la course allait avoir un effet néfaste sur ma santé, mais finalement, il semble avoir eu l’effet contraire. Nous fonctionnions sur l’adrénaline et les sourires. Nous devions nous lever tôt pour conduire, mais le Parkinson m’avait déjà habituée à ça!»

À la fin de la dernière journée de compétition, après 1,600 kilomètres parcourus, de nombreuses aventures, et seulement une dernière étape de 5 kilomètres à accomplir, Lulu a refusé de démarrer. Son véhicule de soutien n’était pas à proximité, mais les mécaniciens d’autres concurrents sont venus l’aider. Ils ont finalement réussi à faire démarrer le vieux moteur capricieux de 68 ans, avec ce qu’elle décrit comme «le vrai esprit de Targa». Il était trop tard pour traverser la ligne d’arrivée, alors l’aventure d’une semaine s’est terminée par un DNF (n’a pas terminé).

«C’était très décevant, bien sûr, mais quelques jours plus tard, nous avons reçu des médailles en surprise de la part de deux femmes généreuses de Terre-Neuve-et-Labrador qui en avait gagné d’autres auparavant.»

Carol se fait souvent demander de parler aux personnes qui ont récemment reçu un diagnostic de maladie de Parkinson.

«Souvent, ces personnes ont peur, et parfois, elles sont simplement déprimées. Je leur raconte mes aventures en voiture et comment j’ai reçu un diagnostic il y a 10 ans, alors que mes premiers symptômes sont apparus il y a 35 ans. Je leur explique le nombre de pilules que je dois prendre par jour, et comment je dois soigneusement tout contrôler. Toutefois, l’important est que j’essaie de trouver des choses amusantes à faire. Il est encore possible d’éprouver du plaisir. Vous devez vous dire que, même si ça semble ironique, c’est une occasion de trouver ce que vous aimez vraiment dans la vie et de le faire le plus possible. Peu importe ce que c’est, sortez de chez vous et accomplissez ce qui se trouve sur votre liste de souhaits. Une phrase que je dis souvent est que le moral est aussi un bon médicament.»

L’expérience la plus récente que Carol a réalisée et qui se trouvait sur sa liste de souhaits a été de renouer avec le violoncelle, un instrument qu’elle pratiquait lorsqu’elle était jeune et qu’elle regrette d’avoir abandonné. Son état d’esprit est résolument optimiste.

«L’espoir et la confiance en l’avenir sont ce qui nous tiennent debout lorsqu’on vit avec le Parkinson. Nous n’avons pas le temps de nous inquiéter ou d’être déprimés. Un remède pourrait arriver à n’importe quel moment, ou vos symptômes pourraient demeurer stables. Qui sait? En attendant, des aventures vous attendent!»


À un certain moment après avoir reçu votre diagnostic de maladie de Parkinson et avant que vos symptômes soient trop avancés, pensez à faire évaluer vos aptitudes de conduites puisqu’elles sont liées au vieillissement naturel et à vos symptômes. Vous trouverez une évaluation simple des aptitudes de conduite (en anglais uniquement).

Pour en apprendre davantage sur l’aventure à Terre-Neuve-et-Labrador de Carol et voir d’autres photos de Lulu, vous pouvez lire son article (en anglais uniquement).


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