L’examen des cellules de mouches des fruits pourrait révéler quel sera le traitement d’avenir de la maladie de Parkinson chez l’humain

Paul Marcogliese
Associé de recherche
Baylor College of Medicine

Dans un laboratoire spécialisé du Baylor College of Medicine, l’associé de recherche postdoctorale Paul Marcogliese étudie une défaillance dans plusieurs modèles génétiques de la maladie de Parkinson chez les mouches des fruits. En plus de relever des anomalies génétiques susceptibles d’indiquer les risques qu’une personne développe cette affection, les travaux pourraient suggérer des cibles de traitements médicamenteux susceptibles de corriger ce problème, ce qui pourrait prévenir non seulement la perte de la fonction cellulaire, mais aussi l’apparition de la maladie. Ce projet est rendu possible grâce à une Bourse de recherche fondamentale de 100 000 $ sur deux ans du Programme de recherche de Parkinson Canada.

Paul Marcogliese étudiait à Ottawa pour devenir expert légiste lorsqu’il a rencontré le chercheur David Park, une figure de premier plan dans l’étude des maladies neurodégénératives. Les deux ont entamé une collaboration qui a renforcé chez Marcogliese un intérêt personnel et professionnel pour la maladie de Parkinson qui l’a conduit à un important centre international de recherche dans le domaine.

Après ses études doctorales dans le laboratoire de David Park à l’Université d’Ottawa, Marcogliese est maintenant associé de recherche postdoctorale dans le laboratoire d’Hugo Bellen au Baylor College of Medicine de Houston, au Texas. Le laboratoire se spécialise dans des études sophistiquées sur la modeste mouche des fruits, dont le génome est un modèle idéal pour étudier les fondements génétiques de la maladie de Parkinson.

Des travaux récents dans le laboratoire d’Hugo Bellen ont permis d’attribuer un rôle aux acides gras appelés céramides dans une forme rare de la maladie de Parkinson. Des chercheurs ont observé que les taux de céramides augmentaient dans les neurones de mouches et de souris avant que les cellules amorcent leur dégénérescence. Lorsque cela se produit dans les cellules cérébrales, diverses structures se décomposent, y compris une partie essentielle d’une cellule appelée lysosome qui gère les enzymes responsables de la digestion des déchets. Le fait de ne pas pouvoir éliminer les parties endommagées des cellules pourrait limiter la production de dopamine, la substance chimique du cerveau qui contrôle les mouvements musculaires, chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Paul Marcogliese tentera de découvrir si des gènes connus et nouveaux associés à la maladie de Parkinson participent à la régulation de ces céramides.

« Les travaux ont pour objectif de tirer parti des connaissances acquises avec les mouches et de vérifier si elles s’appliquent à divers modèles d’un système mammifère », explique Marcogliese, qui étend maintenant ses études à la souris. Ces travaux comprennent l’utilisation de médicaments capables d’améliorer la capacité des cellules du cerveau à transformer les céramides, ce qui pourrait constituer un mécanisme clé dans le traitement des patients atteints de la maladie de Parkinson.

Les premiers résultats montrant que l’administration de médicaments résout ce problème dans le cerveau des insectes, Marcogliese espère que la restauration de cette fonction cellulaire pourra améliorer la vie des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Ce projet est rendu possible grâce à une Bourse de recherche fondamentale de 100 000 $ sur deux ans du Programme de recherche de Parkinson Canada.

« Ce que nous cherchons maintenant à savoir est si nous pouvons utiliser ces médicaments composés pour sauver cette fonction cellulaire chez d’autres espèces », précise-t-il.

La découverte des gènes responsables du problème représente un pas en avant. Un grand nombre de nouveaux gènes associés à la maladie de Parkinson participent à la transformation des céramides au niveau cellulaire. Marcogliese espère qu’en vérifiant de façon précoce l’état de ces gènes ou des changements métaboliques, il sera possible de déterminer plus tôt quels sont les risques qu’une personne développe la maladie de Parkinson.

« Nous voulons être en mesure de diagnostiquer les patients 20 ans avant leur premier tremblement », dit-il.

En diagnostiquant les personnes avant l’apparition de tremblements, de raideurs ou de rigidité, elles auraient la possibilité de recevoir un traitement plus tôt, ce qui pourrait éviter complètement l’apparition de ces symptômes.