Marchez au son de la musique!

Est-ce que le fait de marcher au son de la musique pourrait améliorer la démarche et l’équilibre des gens souffrant du Parkinson? C’est ce que Lesley Brown, professeure de kinésiologie à l’Université de Lethbridge aimerait savoir.

Directrice du Laboratoire de recherche sur l’équilibre à l’Université de Lethbridge, Mme Brown affirme que « l’un des plus grands défis de la marche, qui provoque de l’instabilité et des chutes, est une plus grande lenteur lorsque les gens atteints du Parkinson essaient de faire plusieurs tâches à la fois; par exemple, marcher et parler ou marcher et transporter quelque chose. Cela semble se faire au détriment de leur équilibre. Nous essayons de voir si la musique peut les aider à améliorer leur aptitude à faire plusieurs tâches à la fois. »

Lesley Brown, professeure agrégée, Kinésiologie, Université de Lethbridge
Lesley Brown, professeure agrégée, Kinésiologie, Université de Lethbridge

Dans sa petite étude de recherche, 40 personnes atteintes de Parkinson ont participé à un programme de marche, 30 minutes par jour à la maison, 3 fois par semaine pendant 12 semaines tout en écoutant au moyen d’un iPod des pièces du type de musique que ces personnes aiment, mais choisies de façon à correspondre à la cadence et au rythme de marche des participants. La capacité de marche était évaluée avant et après le programme de marche à la maison.

Les données de la recherche sont encore en train d’être colligées, mais elles montrent déjà des résultats prometteurs.

Comme prévu dans l’évaluation pré-test, les personnes atteintes de la maladie de Parkinson marchaient plus lentement en écoutant de la musique sur un iPod que les gens dans le groupe témoin (non atteints de la maladie de Parkinson).

Cependant, après le programme de marche de 12 semaines, « les participants atteints du Parkinson pouvaient marcher en écoutant de la musique sans que cela ne nuise à leur cadence » affirme Mme Brown. « C’est excitant, car cela démontre que cette difficulté des patients à effectuer plusieurs tâches à la fois peut être atténuée avec de l’entraînement. »

Une autre découverte intéressante est que l’habileté des gens atteints du Parkinson à marcher tout en effectuant quelque chose qui n’est pas relié au mouvement – soit compter à l’envers – s’est aussi améliorée. « L’espoir est que cette amélioration puisse s’extrapoler à des situations quotidiennes à double-tâche », affirme Mme Brown. Elle croit que grâce à l’exercice, les participants avaient appris à distribuer leur attention à plus d’une tâche.

Les conclusions de l’étude laissent entendre que les physiothérapeutes pourraient recommander aux personnes atteintes du Parkinson de marcher en écoutant de la musique; cette activité agréable qui pourrait ajouter à leur routine d’exercices et servir de thérapie alternative et continue pour la gestion de la maladie.

Un autre segment de l’étude visait à évaluer l’habileté des participants à passer par-dessus des obstacles se trouvant sur leur chemin. Ces résultats ne sont toujours pas disponibles.

Entre-temps, Mme Brown déconseille aux gens qui utilisent un iPod pour la première fois de s’aventurer dans une rue piétonnière avec leur appareil. Elle précise que les patients doivent apprendre à marcher en écoutant de la musique dans un endroit calme afin de pouvoir surveiller leur sécurité, jusqu’à ce qu’ils se sentent confortables. Ensuite, ils pourront aller sur une voie piétonne.

L’étude de Mme Brown s’est déroulée à Lethbridge et Halifax, en collaboration avec M. George Turnbull, professeur de physiothérapie à l’Université Dalhousie et fondateur de la clinique de Parkinson des Maritimes. Elle fait partie d’une étude de recherche clinique à grande échelle se déroulant à l’Université de Calgary et qui a pour enquêteur principal, le Dr Bin Hu.