Trouver le lien entre la musique et le mouvement

Dre Jessica Grahn

Alors que le mois de la musicothérapie et la semaine « Cerveau en tête » se déroulent en mars, nous explorons le lien entre la musique, la maladie de Parkinson et le cerveau à travers une recherche sur les effets de la musique sur le mouvement, en particulier sur les symptômes ressentis par les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. 

Jessica Grahn est une neuroscientifique cognitive, professeure associée au Brain and Mind Institute et au département de psychologie de l’université Western. Elle dirige également le Music and Neuroscience Lab et a été financée par le Programme national de recherche de Parkinson Canada, pour étudier comment la musique et le son affectent le mouvement. 

Julie Wysocki, directrice des programmes de recherche et des partenariats de Parkinson Canada, s’est récemment entretenue avec la Dre Grahn de l’état de la recherche sur la musique et de son impact mystérieux sur le mouvement et, par extension, sur les symptômes de la maladie de Parkinson. 

Julie : Savons-nous si la musique a un impact sur les symptômes de la maladie de Parkinson? 

Dre Grahn : Nous savons que la musique a pour effet de transformer les mouvements de certaines personnes. Mais nous ne connaissons pas encore très bien les mécanismes par lesquels elle affecte les activités du cerveau de chacun, qu’il soit atteint de la maladie de Parkinson ou non.  

Ce qui est clair, c’est que la musique favorise des réponses puissantes dans nos systèmes moteurs, même si vous ne bougez pas au son celle-ci. Une grande partie de la recherche porte sur les raisons pour lesquelles ces zones motrices réagissent. L’aspect appliqué de cette recherche serait de savoir comment exploiter cette compréhension pour les personnes souffrant de problèmes de mouvement, y compris les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.  

Julie : En quoi la musique modifie-t-elle les mouvements des personnes et de quelle façon? 

Nous tentons encore de déterminer les caractéristiques de différents types de musique sur différentes personnes. Par exemple, si un morceau de musique a beaucoup de rythme, cela fait-il une différence? Si c’est une musique que vous aimez, cela fait-il une différence? Et les avantages sont-ils vraiment liés au fait que la musique est un signal de régulation, comme un métronome, auquel cas la capacité naturelle des gens à percevoir le rythme est peut-être un facteur?  

Julie : Et la recherche a-t-elle été en mesure de répondre à certaines de ces questions sous-jacentes? 

Ce que nous avons appris, c’est qu’il est vrai que la musique qui donne envie de bouger a un effet plus important sur le mouvement en termes de vitesse de foulée et de longueur de pas, et cela est également vrai pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, bien qu’à un degré moindre. Et, étonnamment, nous avons constaté que le fait d’apprécier ou non la musique n’a aucune importance. La capacité à sentir le rythme semble avoir un impact sur la capacité des gens à tirer parti de la musique, mais ce n’est pas toujours le cas. La formation musicale ne semble pas non plus expliquer une grande partie de la variance observée. Dans chaque étude, certaines personnes semblent tirer un avantage significatif d’une intervention musicale, alors que pour d’autres, ce n’est pas le cas. Il faudra beaucoup plus d’essais, de tests et d’optimisations de ces mécanismes sur des personnes qui ne sont pas déjà atteintes de la maladie pour que nous comprenions précisément comment la musique peut avoir un impact positif sur le système moteur des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. 

Julie : Y a-t-il des percées à l’horizon qui pourraient aider à répondre à certaines de ces questions? 

Oui! L’utilisation de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour effectuer cette recherche présente des limites. L’environnement n’est pas idéal parce qu’on ne peut marcher dans un scanneur IRM, et c’est également très bruyant. Cependant, notre laboratoire a récemment obtenu une technologie portable appelée spectroscopie proche infrarouge fonctionnelle (SPIRf). Il s’agit d’un casque, donc d’une option polyvalente pour étudier réellement les interactions entre les zones de traitement des sons auditifs et celles des mouvements pendant que les gens se déplacent.   

J’ai très hâte de l’utiliser et je pense qu’il nous aidera à comprendre ce qui se passe dans le cerveau, en observant différents groupes de personnes et en déterminant le mécanisme qui se met en branle lorsqu’elles bougent au son de la musique. L’étape suivante consistera à déterminer quels cerveaux réagiront positivement et pourquoi. 

Julie : Malgré les questions qui demeurent, diriez-vous que ce soit une bonne chose pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson d’essayer d’intégrer la musique et le mouvement dans leur vie? 

Je pense que oui, car l’un des avantages de la musique est que l’on peut l’adapter à ce que l’on veut et qu’il n’y a pas d’effets secondaires indésirables. Il n’y a aucun mal à essayer – c’est gratuit. Nous savons que les humains aiment bouger en groupe au son de la musique. Cela procure du plaisir et améliore le soutien social, ce qui se traduit par des bienfaits sociaux et au niveau de la santé assez importants, en plus des avantages potentiels liés au mouvement. Je dirais donc que oui, essayez d’intégrer la musique et le mouvement dans votre vie d’une manière ou d’une autre. 


Le développement de la recherche démontrant l’efficacité thérapeutique de méthodes telles que la musique est une étape nécessaire pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Grâce à votre soutien, la Dre Grahn et d’autres chercheurs dans ce domaine peuvent poursuivre leurs travaux essentiels pour comprendre la relation entre la musique et les symptômes liés au mouvement, la parole, les problèmes cognitifs et même la santé mentale en lien avec la maladie de Parkinson. 

Le financement conjoint par Parkinson Canada de la recherche de la candidate au doctorat Esztella Vezer est un autre exemple actuel de travail continu, cette dernière ayant dirigé une chorale dans le cadre de sa recherche de maîtrise. Elle a remarqué que les chanteurs qui y participaient gagnaient en confiance et avaient des voix plus fortes et plus puissantes. Elle étudie maintenant le rôle du lien et du fonctionnement social dans la gravité de la maladie de Parkinson. 

Grâce à votre soutien, ce travail essentiel se poursuivra et apportera des réponses à ces questions et à d’autres. 


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